La générosité
La générosité évoque le comportement de l'homme " bon " qui accomplit de bonnes actions. Elle est fréquemment considérée comme l'un des plus sublimes sentiments, comme le mobile de toutes les belles actions et, peut-être, comme le germe de toutes les vertus. Rares sont ceux qui se risquent à l'attaquer de front ; tout au plus se permettent-ils de jeter la suspicion sur les motivations de l'homme ou de la femme accomplissant l'acte généreux. On ne soulignera jamais assez le fait que la générosité est essentiellement le sacrifice d'un intérêt personnel pour un intérêt autre ; elle est détachement ; elle implique de n'avoir pas peur de perdre et de savoir perdre. Dans ces conditions, elle constitue une dimension centrale du projet de vivre ensemble longtemps. |
La fraternité
Des millions d'esprits religieux ont répété de siècle en siècle, après le psalmiste, « Qu'il est bon, qu'il est agréable, d'habiter en frères tous ensemble ! » La fraternité est, bien sûr, l'expression du lien affectif et moral qui unit une fratrie. Mais elle désigne aussi un lien de solidarité et d'amitié à d'autres niveaux : à l'échelon du groupe, de l'institution, de l'organisation, on s'appelle « frère » (et « sœur ») dans le monastère, dans l'équipe sportive, dans la loge, dans le bataillon, dans le parti, et même, parfois, à l'échelle d'un continent. Elle exprime l'idée que les hommes sont frères et devraient se comporter comme tel, les uns vis-à-vis des autres. C'est en particulier le sens de la devise de la République française « Liberté, Égalité, Fraternité ». Dans ce sens, chaque personne est invitée à vivre la valeur de la fraternité par l'exercice d'obligations morales envers autrui. « L'individu pour le groupe » est le terreau qui permet la forte conséquence : « le groupe pour l'individu ». Par les temps qui courent, les appels à la fraternité sont légion, la mise en œuvre est plus timide. |
La solidarité
Dans les sociétés d'Europe occidentale qui se présentent comme démocratiques, beaucoup considèrent que la solidarité humaine est un lien fraternel et une valeur sociale importante qui unissent le destin de tous les hommes les uns aux autres. Ils l'associent à une démarche humaniste qui fait prendre conscience que tous les hommes appartiennent à la même communauté de vie et d'intérêt. Ainsi, la solidarité est considérée comme un sentiment de responsabilité et de dépendance réciproque au sein d'un groupe de personnes qui reconnaissent avoir des obligations morales les unes par rapport aux autres. Dans ces conditions, les problèmes rencontrés par l'un ou plusieurs de ses membres concernent l'ensemble du groupe. La solidarité conduit l'homme à se comporter comme s'il était directement confronté au problème des autres. S'il refuse cette attitude et cette manière d'agir, c'est tout l'avenir du groupe, donc le sien, qui pourrait être compromis. La solidarité s'exprime évidemment dans les situations de menaces, de tensions et de catastrophes de toute nature. Elle constitue également une dimension majeure des systèmes de sécurité sociale. |
La compassion
Le terme évoque le fait de « souffrir avec ». Il est utilisé dans des sens fort différents. Il vaut mieux oublier ceux qui assimilent la compassion à une forme de condescendance souvent porteuse de mépris et de mise à l'écart. La compassion n'est pas plus nécessairement l'affaire des religions. Il s’agit surtout d’être attentif à la souffrance de l’autre, sans exception, afin de l’aider à la soulager. Beaucoup la considèrent comme une valeur quasi universelle fondée sur l'idée suivante : traiter l'autre comme nous souhaitons nous-mêmes être traités ; porter attention à l'autre pour vivre en harmonie avec ceux qui nous entourent. La pratique et la promotion de la compassion s'appuient sur le constat du fait que tous les êtres vivants sont liés, le bonheur de l'un passant par le bonheur de l'autre. En cultivant l'attention bienveillante envers l'autre, l'homme trouverait la voie vers ses aspirations que sont : être « bien dans sa peau », être valorisé, être heureux. |
L'ambition
L'ambition évoque le désir d'accomplir et de réaliser de grandes choses en y engageant sa fierté, voire même son honneur ; elle suggère l'aspiration à un idéal. Elle peut aussi être une recherche immodérée de la domination et des honneurs sur les terres de l'ambition et de la gloriole. Et l'on voit poindre l'image de l'homme aux dents qui rayent le parquet, celle du requin prêt à dévorer ses concurrents et même celle de la grenouille qui veut devenir plus grosse que le bœuf. Affamé de succès, avide de titres, cupide de toujours plus, l'ambitieux apparaît assoiffé de pouvoir et dévoré par le besoin de se prouver à lui-même et de montrer aux autres qu'il est capable et invincible. On dit de lui qu'il fait le malheur des autres. Il est cependant aberrant de caricaturer et de diaboliser l'ambition ; il y a place pour les êtres passionnés, fortement attachés à un objectif qu'ils souhaitent atteindre avec détermination. Ils peuvent résister aux sirènes de l'arrogance, de la soif de pouvoir et du jusqu'au-boutisme. Question de valeurs, question de choix dans le respect des partenaires et de toutes les personnes concernées. |
La bonté
La bonté évoque la qualité d'une personne qui traite les autres d'une façon favorable, qui s'abstient de leur nuire, mieux, qui met tout en œuvre pour favoriser leur épanouissement et leur bien-être ; parfois elle y sacrifie même ses propres intérêts. On parle de « grande bonté », de « bonté d'âme », plus récemment d'une « bonne personne ». Les personnes qui pratiquent la bonté exercent la bienveillance, elles approchent l'autre avec une forte empathie. On comprend mieux la bonté lorsqu'on la découvre en opposition au mal, à la méchanceté. C'est sans doute être bon que de donner des vêtements dont on n'a plus l'usage. Mais, qui n'est pas habité par l'idée qu'il est mal de jeter des vêtements à la poubelle sachant qu'il y a des personnes qui n'ont pas de quoi s'habiller ? |
La gratitude
Pas facile de recevoir un cadeau ; pas facile d'éprouver le sentiment d'être redevable à quelqu'un ! Un sage rapportait récemment : « Il faut toujours se faire pardonner le bien qu'on fait ! » C'est dans ce verger que se glisse la notion de gratitude ; elle indique un lien de reconnaissance à l'égard de quelqu'un dont on est l'obligé, lorsqu'on a bénéficié d'un bienfait ou d'un service. La gratitude se conjugue avec le respect, le désir d'honorer et de faire plaisir, souvent une réelle affection exprimée et partagée. On parle fréquemment de « gratitude spéciale » ; et pas seulement dans les avis mortuaires. Dans la société de compétition où les agents sont trop souvent braqués sur la recherche de la faille, de l'erreur, de l'inaccompli, la pratique du remerciement et la gratitude sont susceptibles d'apporter un bouquet de chaleur humaine et des énergies roboratives pour stimuler l'efficacité des actions. |
L'altruisme
Cette notion désigne une attitude d'ouverture, d'attachement, de considération envers autrui qui repose sur un sentiment réfléchi et accepté lucidement. Elle se fonde sur la reconnaissance de l'interdépendance qui réunit les êtres humains, comme d'ailleurs les êtres vivants en général. L'altruisme, au-delà des choix personnels qui le constituent, est un phénomène culturel. Il se démarque des démarches appelant au sacrifice pour le prochain, des diverses formes de renoncement qui conduisent à la production de « bonnes actions ». Certains esprits suggèrent que la démarche altruiste serait, en quelque sorte, une forme d'égoïsme dans la mesure où elle procure du bonheur à la personne. Pourquoi pas ? Faut-il que l'élan vers autrui, que la reconnaissance et la valorisation de l'autre correspondent nécessairement à un arrachement, à une perte et même à une souffrance ? N'est-il pas envisageable est même probable de connaître le bonheur dans le projet altruiste de « vivre ensemble longtemps » ? |